Après la soirée "Slumdog millionaire"
Comme promis, voici des extraits de ma rencontre avec Danny Boyle, qui a eu lieu il y a trois semaines au Lancaster à Paris.
J'ai aussi mis des liens pour votre info et une photo (pourrie !).
TOURNAGE
« Le film a été tourné dans le quartier de Dhoravi à Mumbai ; c'est le plus grand bidonville du monde. Là vivent un million de personnes sur 175 ha. Nous avons aussi filmé à Juhu, une banlieue plutôt huppée de Mumbai ; à la gare de Victoria station et au Taj Mahal qui se trouve à 300 km de New Delhi. Pour « Slumdog millionaire », j'ai voulu arriver dans le pays longtemps à l'avance, m'imprégner de la culture avec une équipe réduite de dix personnes. Je ne voulais pas réitérer l'expérience de « La plage », où je suis arrivé entouré d'une armée américaine qui avait tout colonisé et une production qui finançait le projet à hauteur de 30 millions de dollars. A la moindre difficulté, ils envoyaient une centaine de personnes pour les résoudre. Je ne voulais pas de ça » (voir www.dharavi.org )
L'ACTEUR PRINCIPAL
« Je pensais engager un jeune homme sur place, en Inde. Malheureusement, les apprentis acteurs de 18 ans, font tous huit heures de muscu par jour pour répondre aux critères de Boolywood, ce qui ne correspondait pas au personnage. C'est ma fille de 17 ans qui m'a dit, « Si tu veux un loser, prend le mec de « Skins » Dav Patel » (http://www.canalplus.fr/index.php?pid=2836&cid=68644 ). Je l'ai rencontré, mais le gros problème : c'était sa mère. Elle le surveillait énormément, le suivait partout et comme il est très gentil, il n'osait pas lui dire de s'en aller. J'ai donc dû me débarrasser d'elle avant de pouvoir travailler tranquillement... Mais je vous rassure : elle va très bien ». Lui, depuis, est beaucoup plus émancipé : voir http://www.youtube.com/watch?v=k8Mh-9mtO-U&feature=related
LA MUSIQUE
« A.R. Rahman est arrivé sur l'histoire trois mois avant le début du tournage. C'est une icône incroyable en Inde entre Béyoncé, Michaël Jackson et John Williams. Il est surnommé le Mozart de Madras. Quand il a lu le scénario, il a dit « Ca me fait penser aux évadés ». Mais heureusement, il est meilleur en musique qu'en cinéma. C'était très libérateur pour lui de ne pas faire un film pour Boolywood. En Inde en ce moment, ce qui marche et se mélange c'est la house, le disco, la R'n B, le rap, la musique d'Afrique. A.R. Rahman n'a eu qu'une exigence : que la musique soit jouée forte, parce qu'en Inde, « La musique est fière ». C'est le chauffeur de taxi qui me conduisait sur les repérages, qui me l'a fait connaître. Dans les trois heures d'embouteillages journaliers on avait le temps ! Quant au numéro de danse à la fin, il est impossible de faire un film sur Bombay sans qu'il y ait de danse ». http://www.arrahman.com/
L'HISTOIRE
« La compagnie qui m'a envoyé l'histoire a créé le concept « Qui veut gagner des millions ». C'est Simon Beaufoy, le scénariste du « Full monty » qui a adapté le scénario à partir du livre de Vikash Swarup « Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire » mais en y apportant d'énormes changements. Il a juste gardé l'idée central du gamin qui connaît les réponses au jeu grâce à ce qu'il a vécu. Tout le reste est inventé avec des détails glanés sur places quand nous faisions nos recherches. Comme la ville est multiple, pleine de contrastes et que tout s'y cotoie, il fallait trouver le moyen de raconter tout ça. Alors on a pensé à une certaine forme de conte et à Dickens. Pour un film pareil on doit se transformer en marchands de rêve comme disent les réalisateurs de Boolywood ».
LA TORTURE
« L'épisode de la torture n'est pas exagéré. De toute façon, en Inde, rien ne se tourne sans l'aval des autorités. La bureaucratie y rêgne. La police nous a dit « Il n'y a pas de problème sur cette scène, mais il faut qu'un inspecteur soit présent qu'en on inflige la torture ». Ca a donc été ajouté. La scène est écrite comme une scène comique et en Inde, les gens ont beaucoup ri ».
QUI VEUT GAGNER DES MILLIONS ?
« Rapporté au mode de vie, c'est le plus grand prix qu'on puisse gagner à un jeu dans le monde entier. C'est l'équivalent de 400.000 dollars.
Le film sort en Inde le 23 janvier. A présent, j'aimerais faire un film d'animation. Je trouve qu'on arrive à l'âge d'or de cette discipline »